Ferney, 17 octobre 1768
Quoique je sois très malade, monsieur, l'envie de servir & l'importance des choses dont il s'agit, me forcent de vous écrire encore dans l'incertitude si ma première lettre vous parviendra.
J'ai déjà eu l'honneur de vous dire qu'on débite à Genève, sous votre nom, un petit livre dont voici le titre: Examen de la nouvelle Histoire de Henri IV, de M. de Buri, par M. le marquis de B….., lu dans une séance d'académie,…….
On trouve à la page 24 le passage que je fais copier, & que je vous envoie. On sent aisément l'allusion coupable qui règne dans ce passage. Le président Hénault est d'ailleurs cruellement outragé dans une autre page de ce libelle. Il y en a plusieurs exemplaires à Paris; mais il passe pour être de vous; cette calomnie peut vous faire des ennemis puissants, & vous nuire le reste de votre vie. Le nommé la Beaumelle est noté chez les ministres; il lui est défendu de venir à Paris; & en dernier lieu, m. le comte de Gudane, commandant du pays de Foix où ce malheureux habite, lui a intimé les défenses du roi de ne rien imprimer. C'est à vous, monsieur, à consulter vos amis & vos parents sur cette aventure, & à voir si vous devez écrire à m. le comte de Saint Florentin, pour vous justifier, & pour faire connaître que ce n'est pas vous, mais la Beaumelle qui a composé & imprimé cet écrit. J'ai cru devoir à votre mérite & à l'estime que vous m'avez inspirée, les informations que je vous donne, & desquelles vous ferez l'usage le plus convenable.