1768-09-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Bordes.

Mon très cher correspondant, si les ouvrages guais guérissent les vapeurs il faut vous dire, Médecin, guéris toi toi-même; vous êtes à la source des remèdes.
Qui fait quand il le veut des choses plus guaies, plus agréables, plus spirituelles que vous?

Il est très vrai que Jean Jaques a mis tous ses petits bâtards à l'hôpital. Je suis fort aise qu'il fasse une fin, et que la sorcière termine ses amours en épousant son sorcier. Je ne croiais pas qu'il y eût dans le monde quelqu'un qui fût fait pour Jean Jaques.

Il est bien vrai que j'avais promis il y a trois mois à l'Electeur Palatin d'aller lui faire ma cour; mais ma détestable santé m'a privé de cet honneur et de ce plaisir.

Je n'ai point entendu parler des prétendues faveurs du parlement de Paris. J'ai un neveu actuellement conseiller à la Tournelle qui ne m'aurait pas laissé ignorer tant de bontés. On ne fait pas toujours tout ce dont on serait capable.

Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher ami, portez vous bien. J'espère recevoir encor quelques amusettes pour vous.