à Ferney 8e juillet 1768
Il ne peut y avoir rien de neuf pour vous, Monsieur, dans les petits écrits dont vous me parlez, pas même l'aventure d'Aaron, de la bonne femme et de sa brebis.
Aussi je soupçonne que ces bagatelles n'ont pas été faites pour vous, mais apparemment pour de jeunes garçons catholiques qu'on veut empêcher de se faire moines, et pour de jolies filles qu'on craint de voir s'enterrer toute vivantes dans un cloitre. J'imagine du moins que c'est là le projet des auteurs de ces plaisanteries. Pour moi, Monsieur, qui ne suis qu'un vieux solitaire assez malade et point du tout plaisant, je serai charmé de m'instruire avec vous quand vous me ferez l'honneur de venir dans mon hermitage. Vous y serez libre comme chez vous. La liberté est le premier de nos droits, et l'amitié la plus grande de nos consolations.
J'ai l'honneur d'être, avec une grande envie d'être votre ami,
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
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