19 avril 1768
Je sais bien, vrai philosophe, que les craintes n'ont point de fondement.
Mais, comme vous le dites, la nature est notre maîtresse. Vous avez bien raison de dire qu'il fallait craindre de faire ce que l'on a fait et que ni m. Christin ni moi n'avons pu empêcher. J'assistai à la cérémonie et lorsque je lui ouïs ouvrir la bouche pour haranguer, le sang me glaça et je me cachai. Cela fait un bruit affreux, et ne fait ni ne fera l'effet qu'il en avait espéré. La chose est faite, il n'y faut plus penser.
Je tâcherai de remettre au jeune m. Calas qui partira pour Paris sur la fin de la semaine prochaine quelque chose pour vous.
Je suis extrêmement pressé. Je vous demande toujours la continuation de votre amitié; vous savez quel est mon tendre et sincère attachement pour mon patron, et je conserverai les sentiments pour lui et pour vous, monsieur, jusqu'au dernier moment de ma vie.