1768-03-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marie Jeanne Pajot de Vaux.

Mon cher Pâté, si vous lisez la gazette de Berne vous y aurez vu que j'ai été obligé de m'enfuir de France, mais vous verrez aussi par ma Lettre que le polisson de gazetier est fort mal informé.

Made Denis a été obligée d'aller à Paris pour arranger nos affaires qui sont un peu délâbrées. Elle a donné des fêtes, des opera comiques, des Comédies, des soupers de deux cent couverts; elle a entretenu quatrevingt domestiques. Tout celà ruine le plus aisément du monde, et ne se répare pas facilement. Il a fallu qu'elle allât mettre ordre à des affaires abandonnées depuis quinze ans. Celles de vôtre frère et de vôtre belle sœur sont bonnes. Je souhaitte que les vôtres, mon cher Pâté, le soient aussi.

Ferney est bien embelli. Ne pourai-je point avoir le bonheur de vous y posséder? Je vous renouvelle les sentiments que je conserverai toute ma vie pour vous et pour Monsieur De Vaulx.

Vôtre vieux papa V.