1768-02-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy.

Mon cher plénipotentiaire, je vous envoie ma procuration pour les affaires dont vous voulez bien vous charger.
Vôtre secours m'est nécessaire. Je me trouverai dans une situation très embarassante, si les neveux du Cardinal De Richelieu et du Duc De Guise le balafré ne me paient point, nous aurons moins de peine avec mr De Lezeau qui n'est que marquis. Il est vrai qu'il est marquis normand mais les parisiens font paier, quand ils ont de bons contracts, les normands, malgré la clameur de haro. Ne me renvoiez point vôtre pancarte virtembergeoise; il faut que vous la gardiez, puisque c'est vôtre tître, et je n'en ai que faire. Vous avez d'ailleurs une bonne délégation sur des fermiers de franche comté qui paieront régulièrement. J'embrasse de tout mon cœur vôtre cher ennemi le Turc conseiller au grand Divan. Je me porte fort mal. Le Mal Duc De Richelieu n'aura pas longtemps à me paier des rentes. Je suis bien fâché que ces rentes ne soient pas sur vôtre grosse et bonne tête: mais elles étaient établies avant que vous fussiez au monde. On ne peut vous aimer plus tendrement que la fait vôtre vieil oncle

V.