1767-11-19, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louise Suzanne Gallatin.

Voicy l'état des choses, Madame; Monpitan m'est venu trouver avec la copie d'un billet par lequel j'ai cédé à Un maitre masson nommé Guillot la carrière de Tourney pour ma vie.
Il n'est point dit par ce billet, par quel chemin Guillot doit passer. Je lui ai toujours recommandé verbalement, et il m'a toujours promis de ne jamais passer par le petit chemin détourné que l'on a fait raccomoder, mais il n'y a nulle promesse par écrit.

Guillot a cédé son droit à Monpitan, et Monpitan en abuse. Je vois que je ne puis le réprimer, n'aiant point de titre contre lui. Si la cession dont il m'a montré la copie est énoncée telle qu'il me l'a fait voir, je n'ai d'autre recours contre lui que la voie de la représentation.

J'ai toujours cru que le chemin détourné qui conduit à vôtre maison, et à celle de mr Pallard, était interdit à tous les voituriers lesquels sont tenus de passer devant les bureaux. Je le crois encor; et je pense que la seule voie pour réprimer Monpitan, est de présenter requête à Mr L'intendant. C'est surquoi il faudra consulter Mr Fabri car vous sentez bien que je ne peux être juge dans ma propre Cause.

Je vous prie, Madame, de communiquer ce billet à Mr Cramer. Vous sentez bien que je suis prêt à faire tout ce qui dépendra de moi pour vous marquer mon respect et mon zèle.

V.