à Paris ce 12 9bre 1767
Je joints ici mon cher Voltaire une letre de change des 200lt que vous avés bien voulu avancer pour Gallien.
Vous devés bien croire d'ailleurs que je ne suis pas disposé à le tirer d'aucun embaras où il auroit pu ce metre d'une façon aussi déplacée et il est bien évident qu'il n'y a pëu à espérer de sa teste ni de son coeur, après les épreuves qu'il a éprouvé et la conduite qu'il a eu dans le port de salut que vous aviés eu la complaisance de lui ofrir. Je ne puits assés vous faire d'excuse de cette complaisance que vous avés eu pour moy, c'est un petit misérable qui finira mal, mais je n'ai rien à me reprocher que d'en avoir eu trop de soin. Je souhaitroits qu'il pût rentrer un jour en lui même, mais je ne l'espère point.
J'ai demendé à l'abé Blet coment il estoit possible qu'il fût aussi ariéré avec vous dans le tems quu'aucun autre n'est dans le même cas et qu'il m'avoit parlé fort diférament. Il m'a fait voir un conte et de vos quitances par où il paroist que la some due ce trouve réduite à un peu au dessouts de la moitié, qui est encore beaucoup trop et dont je pouroits vous assurer autant qu'on le peut faire de ses choses là, que vous serés rembourssé dans peu. Il m'a dit aussi qu'il vous étoit dû de même pour la succession de Guise, ce qui regarde uniquement, mr de Bauvau et mes enfants dont les partage ne sont point encore absolument finis et j'ai été témoin d'un acte qu'ils ont signé avant hier pour renvoyer à trois avocats, només, ces dernières questions à décider pour tout terminer, ce qui devroit estre court si une affaire pouvoit l'estre en ce pays ci. J'ai lieu de croire que ce qui me regarde personelement le sera fort. Je m'aplique à tout cela présentement de préférence à tout.
J'ai vu des gens qui vous quite qui m'ont un peu rassuré sur l'inquiétude où pouvoit me metre les plaintes que vous me faite sur votre santé. Il y a près de cinquante ans que j'ai cognu les mêmes plaintes et je ne vous ai jamais Vu en meilleure santé que la dernière foits que j'ai eu le plaisir de vous voir, que j'espère bien qui ne sera pas le dernier. Je sai que vous menés une vie plus délitieuse que jamais, par la compagnie que vous avés et que vous savés remetre Votre prétendue fièvre plustost que de laisser remetre une petite feste que l'on vous donoit. Vous continués à écrire à la comédie, aux comédiens come Moncade écrivoit à Lusinde et à ses rivales. Vous avés le même foible pour touts ceux qui vous ont trahi come vous avés toujours eu pour Tiriot et Dargental et la même négligen[ce] et même méprits, inatentions redoublés pour moy qui vous aime et aimerai toute ma vie malgré tout cela.