[c. 5 October 1767]
Vous avez, me dittes vous, mon cher ami 74; c'est le tems de jouïr: à cet âge Caton faisoit l'amour.
Il n'étudia le grec qu'à 80 ans, et fit des harangues encore plus tard: Vous avez six bonnes années à vous divertir, ensuitte commencera le tems du travail. Votre Esprit qui étincelle de Feux nouveaux et charmans, n'a nulle dépendance avec l'Extrait de Baptème de vôtre corps:
Vous m'écrivez que le D. de W. ne vous païe pas: il a grand tort: mauvaise habitude, ni les saisies, ni les huissiers, ni les arrêts ne la lui ôteront pas. Tout cela le rendra encore, plus mauvais païeur. Un peu de patience, bons procédés et nulle Procédure, voilà mon Estime: Vous me demandez un Procureur: le Ciel vous en préserve, il toucheroit et mangeroit vôtre argent sans donner des fêtes co͞e le D. de W:
Je vais parler aux Baillif et au receveur de Richwir. Je vais écrire à la régence du sérénissime Duc, et la requerrir de donner des ordres prompts pour vous païer sans Délai; Interim, vous ne demanderez pas l'aumône. Vous avez la réputation d'Homère, mais n'en craignez pas le sort: le Régiment qui a été en Garnison dans vos terres les aura sans doutte plus épargné qu'il n'auroit fait celles de l'Evêque in partibus de Genève s'il en avoit; mais un Régiment coutte toujours à son Hôte: Sérieusement persistez vous à faire saisir les revenus des terres D'Alsace? En ce cas il faut m'envoïer la grosse de vôtre Contract, je la remettrai en mains sûres et je donnerai mes soins pour que l'on agisse avec diligence: les Contracts sont du droit des gens: ils sont sacrés. On ne peut les violer sans Barbarie. Je préfère vôtre amitié à l'honneur de la Clientèle du sérénissime Duc; je vous en suis redevable et je vous la sacrifierai de bon Cœur: j'en ferois bien davantage pour vous prouver combien je vous aime: Vale: