A Potsdam ce 7 octobre [1752]
Vos vers sont charmans, monsieur, mais je suis si malingre que je ne puis vous répondre de ma main ni en vers ni en prose, je ne puis que dicter les plus tendres remercimens et vous prier de me conserver une amitié qui augmente les douceurs que je goûte dans ma retraite auprès d'un grand Roi, et qui fait ma consolation dans l'amertume où je suis d'être loin de madame Denis et de mes amis.
J'avais déjà donné mon paquet à mr. le Baillif avant de recevoir votre lettre. Mr. le Baillif est un gentilhomme ordinaire du Roi qui a été chargé des affaires de France à Berlin depuis la mort de Milord Tirconell jusqu'à l'arrivée de mr. le chevalier de la Touche. Il est parti pour la France, et s'est chargé pour monsieur le comte d'Argenson du paquet que je lui ai confié. Je ne doute pas que ce ministre qui vous aime ne vous permette de le lire. Je vous prie toujours si vous en trouvez quelque occasion, de le bien assurer de mon véritable attachement. Ne m'oubliez pas auprès de M. du Vernai. Je le regarde comme un des meilleurs et des plus utiles citoyens que la France ait jamais eus. Je ne l'ai pas oublié dans la Guerre de 1741. Mille respects à madame de Chennevière. Je vous embrasse de tout mon cœur.
Volt.