1767-07-04, de Jean Le Rond d'Alembert à Voltaire [François Marie Arouet].

Je reçois votre lettre à l'instant, mon cher maitre, & je me hâte de vous dire que Mr Marmontel est en effet aux eaux d'Aix la Chapelle avec madame Filleul, mère de madame de Marigny; je ne crois pas cependant qu'on doive luy adresser des paquets en cette ville, parceque madame Filleul avec qui il est, est mourante, ou peutêtre morte, & qu'il peut revenir à Paris d'un moment à l'autre; Il serait mieux d'adresser le paquet à Paris à quelqu'un qui le lui remettroit à son retour.

J'ai reçu par Mr le Comte de Wargemont les brochures que vous m'avez envoyées; j'ai trouvé les instructions au Prince Royal de*** excellentes, & j'ai relu avec un nouveau plaisir les commentaires sur les délits et les peines.

Je savois ce que le Roi de Prusse a fait pour le malheureux jeune homme dont vous me parlez, & je lui ai écrit pour l'en remercier. Le Roman de l'homme sauvage n'est point de Diderot mais d'un nommé Mercier, qui même y a mis son nom. Je ne sais pas si l'homme sauvage et hargneux est à Wesel, mais je suis bien sûr que quelquepart qu'il soit, il n'y restera pas.

A dieu, mon cher maitre, l'heure de la poste me presse; je vous écrirai incessamment une plus longue lettre; je donnerai toute l'attention possible à la pièce dont vous me parlez pour l'Eloge de Charles v. Dites je vous prie, à mr de la Harpe, que je lui écrirai incessamment. Interim vale.