21 février 1767
Vous avez dû, mon cher ami, recevoir une lettre de moi avec la tragédie des Scythes que j'ai adressée pour vous à m. Marin.
Voici encore un petit changement que j'ai jugé absolument nécessaire. Ma mauvaise santé et mon épuisement total, ne me permettent plus de travailler à cet ouvrage. Je vous demande en grâce de me dire si vous pouvez la faire jouer le mercredi des cendres, parce que, si elle ne peut être jouée dans ce temps là, il est d'une nécessité absolue que je donne l'édition corrigée, pour indemniser le libraire de la perte de sa première édition. Il serait beaucoup plus avantageux pour vous que la pièce füt jouée le mercredi des cendres, parce qu'alors je serai plus en état de vous procurer un honoraire de la part du libraire: d'ailleurs, comme on joue actuellement cette pièce à Lausanne, et qu'on va la jouer à Bordeaux, aussi bien que chez moi, il paraît indispensable que les comédiens se déterminent sans délai. Je vous prie très instamment de me mander votre dernière résolution, et de compter toujours sur la tendre amitié, que je vous ai vouée pour le reste de ma vie.
V.
Corrections à la scène deuxième du cinquième acte, entre Sozame et ObeideOBEIDE
Avez vous bien connu mes sentiments secrets?Dans le fond de mon cœur avez vous daigné lire?SOZAME
Mes yeux l'ont vu pleurer sur le sein d'Indatire;Mais je pleure sur toi dans ce moment cruel:J'abhorre tes serments.OBEIDE
Vous voyez cet autel,Ce glaive dont ma main doit frapper Athamare,Vous savez quels tourments mon refus lui prépare.Après ce coup terrible, et qu'il me faut porter.
Monsieur Lekain est prié de porter ce changement sur la copie que m. Marin a dû lui remettre.