1766-11-19, de Étienne François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul à Voltaire [François Marie Arouet].

Je ne puis pas, ma chère marmotte, autoriser que l'on imprime des lettres du dépôt des Affaires étrangères: 1. ces lettres n'en valent pas la peine, car qui doute que Rousseau est insolent, qu'il a mérité d'être bâtonné, qu'il est humble selon la circonstance, qu'il a été gâté par des seigneurs et dames de ce pays-ci, et que la tête lui a tourné?
2. ces lettres feront plus de tort à m. de Montaigu qu'à Rousseau. 3. les Affaires étrangères, si je permettais l'impression, auraient l'air de prendre parti dans une querelle où elles ne doivent point paraître; ainsi, ma chère marmotte, si mes réflexions vous paraissent justes, persiflez Rousseau, ridiculisez le par d'autres moyens, il y en a sans nombre.

Je vous remercie des Commentaires sur le livre des délits et des peines; tout ce que vous faites, ma chère marmotte, respire l'humanité et l'agrément; voilà ce qui fait que je vous aime.