1766-08-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacques Lacombe.

Voicy, Monsieur, quelques changements nouveaux que l'auteur a jugé à propos de faire dans l'ouvrage que je vous ai envoié, et que vous comptez imprimer.

Acte 5e, scène 1ère, au premier vers du dernier couplet de Fulvie:

Ouï, l'on peut s'en flatter; nul mortel ne soupçonne
Que Pompée en êffet soit errant sur ces bords.

Mettez

Je n'ose m'en flatter; mais aucun ne soupçonne
Que Pompée en éffet soit errant sur ces bords.

Même acte au dernier vers de la dernière scène:

La servir, te combattre, et surtout t'admirer.

Mettez

Va, je la dois servir; mais je dois t'admirer.

Vous êtes prié, Monsieur, d'espacer les vers un peu plus que de coutume. L'auteur me mande expressément que vous réparerez par la beauté singulier de l'édition, les défauts de sa pièce.

Je vous serais bien obligé, si vous vouliez m'envoier un petit essai de cette édition en une page ou deux.

J'ai reçu la dissertation sur le commerce des Egyptiens. Je croiais que vous l'aviez imprimée. Je m'apperçois que vous avez paié le port jusqu'à Lyon. Permettez moi de me fâcher; je ne prétends point abuser du tout de vôtre générosité, et j'exige de vous une amitié qui ne vous soit point à charge. Je vous suplierai seulement de m'envoier ce que vous aurez imprimé de plus curieux. On dit qu'on a fait des recherches dans la librairie par tout le royaume. Cela est il vray, et en savez vous la raison?