à Fernei par Geneve 23 juin 1766
Madame, J'en use avec v. a. s. comme les catholiques avec les saints; ils leur adressent des prières quand ils ont besoin d'eux.
Vous verrez, madame, par le petit écrit que je mets à vos pieds, qu'il s'agit encore de défendre l'innocence contre le fanatisme. Permettez que votre nom soit au premier rang de ceux qui protègent une famille infortunée; nous ne pouvons avoir recours qu'à des âmes aussi généreuses que la vôtre. Les plus faibles secours nous suffiront. V. a. s. a fait éprouver ses bontés aux Calas; il est bien étrange que la même horreur qui fait frémir la nature, soit arrivée deux fois dans la même année et dans le même pays; mais il ne sera pas extraordinaire, que vous ayez deux fois signalé votre générosité. Je vous en aurai, madame, en mon particulier, une obligation que je ne puis vous exprimer. Les persécuteurs rougiront, quand ils sauront, par qui l'innocence persécutée est secourue.
Je suis avec un profond respect, madame, de v. a. s. le très h. et très ob. serviteur
Voltaire