1766-06-21, de Pierre Michel Hennin à Voltaire [François Marie Arouet].

Je vous ai vû monsieur, si touché du sort des jeunes gens d'Abbeville que je crois devoir vous faire part d'une circonstance que vous ignorez.
Aprez avoir jugé leur délit conformément aux Loix de st Louis on a suspendu la signature de la sentence pour donner aux Parens le temps de recourir au Roy qu'on espère qui commüera leur peine.

En arrivant hier de Ferney j'ai trouvé icy un de mes anciens amis qui a je crois l'honneur d'être connu de vous. C'est M. Vatel, auteur d'un bon ouvrage sur le droit des gens, mais plus estimable encore par la candeur de son âme et la sagesse de son esprit. Il a avec luy une très jolie Polonoise dont il a fait sa femme. L'un et l'autre m'ont prié de vous les présenter et si vous le permettez nous prendrons un des jours de la semaine prochaine.

Je voudrois bien arriver toujours à Ferney remparé d'un élu tel que celui que j'ai conduit hier, mais comme il est plusieurs demeures dans le Palais de l'éternel, Les gens de mérite et les jolies femmes y auront sans doute leur coin.

H.