1766-05-24, de Marie Louise Denis à Ami Camp.

Une fluction violante et fort longue m'a empêchée Monsieur d'avoir l'honneur de vous remercier plus tos de tous vos bons offices.
J'ai reçu le chocola et j'espère que nous aurons un joli cuir doré de votre goût.

J'écris à Monsieur Tronchain pour mon petit argeant. Je lui mende de faire tout ce qu'il voudra. Je Comte sur son amitié et je suis sûre qu'il m'arrengera comme pour lui même. Vous allez sans doute bientos à Paris. Je souhaite que vous trouviez à votre retour Geneve tranquille, mais vos bourgeois ne sont pas esés à contanter. Les hommes se lassent du bonheur encor plus que de l'adversité. Il y a un siècle que je n'ai vu le conseiller. J'ai pres que toujours été malade de puis votre départ. Je tâcherai cet été de lui donner quel que rendez vous aux Delices. Vous savez combien j'aime la tribu Tronchain et je vous Comte bien de la tribu. Je crois que le docteur n'a pas le temps de mettre ses mains dans ses poches. Je le trouve heureux cependand d'être hor de la ruche pendand que les mouches se piquent.

Adieu Monsieur, amusez vous bien à Paris. Mon païs est assez agréable, on y parle peu de liberté mais on est libre, et je fais plus de cas de la réalité que de l'apparence. Mais rien n'est plus réel que l'attachement avec le quel j'ai l'honneur d'être

Monsieur

Votre très humble et très obbéissente servante

Denis