1766-03-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jacques Lacombe.

Je vous ai plus d'une obligation, Monsieur, celle de vos soins, celle de vos présents, et celle de vôtre préface de laquelle vous me faittes un peu rougir, mais dont je ne vous dois pas moins de reconnaissance.
Je crois vous avoir déjà dit qu'aiant quitté la profession des Patrus pour celle des Etiennes, vous vous tireriez mieux d'affaire en imprimant vos ouvrages que ceux des autres. Je doute que le petit recueil que vous avez bien voulu faire de tout ce que j'ai dit sur la poësie ait un grand cours; mais du moins ce recueil a le mérite d'être imprimé correctement; mérite qui manque absolument à tout ce qu'on a imprimé de moi.

Aureste, vous me feriez plaisir, d'ôter si vous le pouviez le tître de Genêve; il semblerait que j'eusse moimême présidé à cette édition, et que les éloges que vous daignez me donner dans la préface ne sont qu'un éffet de mon amour propre. Je me connais trop bien pour n'être pas modeste; je ne suis pas moins sensible à toutes les marques d'amitié que vous me donnez; que vous me donnez; que ne puis-je être à portée de vous témoigner l'estime, la reconnaissance et l'aimitié avec lesquelles j'ai l'honneur d'être, Monsieur, Vôtre très humble et très obéïssant serviteur,

Voltaire