1766-02-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Mon cher frère, je n'ai pas encore pu lire Vingtième, et j'en suis bien fâché; Vingtième me tient au cœur: les relieurs sont bien lents.
Je vous envoie une lettre pour m. Dorville que je n'avais pas l'honneur de connaître mais à qui j'ai beaucoup d'obligations. C'est une bonne âme à qui dieu a inspiré de me peindre au public en miniature. Lisez, je vous prie, la réponse que je lui fais; je voudrais que vous en prissiez une copie et que vous la fissiez lire à Platon.

Ne pourrais je point par votre protection avoir de Merlin une douzaine d'exemplaires de ce recueil? Je les lui payerais exactement. Il faut que je joue un tour honnête à ce malheureux archevêque d'Ausch. Il n'y aurait qu'à mettre pour lui à la poste le premier tome de ce recueil et insérer à l'article dieu un gros papier blanc sur lequel il y aurait ces mots: que la calomnie rougisse et qu'elle se repente. Faites lui cette petite correction, je vous en supplie; je lui en prépare d'autres car je n'oublie rien.

J'ai grande impatience de savoir ce que vous pensez du mémoire d'Elie. Je vous réponds que je lui donnerai des ailes pour le faire voler dans l'Europe.

Est il vrai que l'Encyclopédie est débitées dans tout Paris sans que personne murmure? Dieu soit loué! On s'avise bien tard d'être juste.

Vous m'aviez promis de petits paquets par la diligence, adressés à messieurs Lavergne et fils, banquiers à Lyon, avec lettre d'avis. Souvenez vous de vos promesses, et ne laissez point mourir votre frère d'inanition.