23 [7bre 1765]
Or mes anges voylà donc mon ami Fabri agent par interim de la parvulissime république de Geneve.
Mais quand vous voudrez vous m'enverrez les rouez, et en attendant permettez que je vous adresse ce petit mot pour Le duc de Vendome.
Je viens de lire le sublime éloge de Descartes par mr Thomas. J'aime mieux lire je vous jure le panégiriste que le héros. C'est un homme d'un rare mérite que ce Tomas; et ny Thomas Daquin, ny Thomas Didime, ny Thomas de Cantorberi n'approchent de luy. Il avait bien voulu m'envoier son ouvrage et le paquet contre signé Prâlin était resté chez ce pauvre Montpéroux pendant sa dernière maladie.
Vous voyez donc bien que je reçois mes paquets contresignez à moins que les résidents ne soient morts et que c'est pure malice si vous ne m'envoyez pas les rouez; et pure malice encore si le Kain ne me fait pas tenir sa vieille Adélaide. Car encor une fois je suis très en peine de savoir la quelle des trois copies est la passable.
Vous souciez fort de savoir que l'impératrice de Russie, la bonne amie de l'abbé Bazin, voulait avoir des filles pour enseigner le français aux petites filles de son empire. Plusieurs étaient déjà parties. Le conseil de Geneve a trouvé cela fort mauvais et sans aucun respect pour l'impératrice il a fait arrêter ces filles dans l'état de Berne qui a favorisé leur enlèvement. L'auguste et ferme Catherine sera très couroucée; et moy je le suis aussi. Cette action me paraît brutale et tirannique. Je ne prends plus le parti du conseil génevois que pour mes dixmes.
Voicy un placet pour le Kain, sur lequel je vous demande votre protection.