1765-09-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Si monsieur Caro avait quelque dessein de venir à Ferney aujourdui jeudy, nous le prions maman et moy d'y venir souper et coucher et non pas diner; nous luy en dirons la raison, et je me flatte que monsieur Caro ne sera pas mécontent de son vieux correcteur d'imprimerie.

V.

Nb. Je vous envoye un petit avertissement qu'il me parait très nécessaire de placer à la tête de vos nouveaux mélanges. Je vous avoue qu'il est triste pour mon amitié et pour mon amour propre que vous ayez commencé cette édition et que vous en ayez fait deux volumes entiers sans me consulter. Les choses seraient plus dans leur ordre, et j'aurais eu le temps de vous procurer des pièces fugitives mieux travaillées.

Je suis très affligé de la page 254 du premier volume.

Il y a trois lignes en italique qui étaient fort convenables pendant le procez des Calas, mais ce qui était décent alors est ridicule aujourdui. Je vous prie très instamment de faire mettre un carton à cette page 254 en suprimant seulement les trois lignes qui la finissent.

Je vous gronde comme éditeur, et je vous en demande pardon comme à mon ami.