Mon cher grand acteur, je suis bien paresseux, mais je songe toujours à vous; j'ai parlé à nôtre ex-jésuite; je l'ai trouvé malade et un peu dégoûté des vanités de ce monde. Il vous rendra dans quelque temps des réponses plus positives. Il vous aimera toujours bien tendrement; voilà ce qui est très certain. Il voit avec douleur Melpomêne abandonnée pour la foire. Il dit que les jours de la décadence sont arrivés. Il prétend qu'à moins de quelque prodige, qu'il n'est pas permis d'attendre, vôtre théâtre restera désert. Pour moi j'ai détruit celui où vous avez joué si bien Tancrède avec made Denis. Je me suis réduit à la vie philosophique. Les plaisirs bruiants ne sont plus faits pour moi. Vous penserez de même quand vous aurez mon âge.
Adieu, je vous embrasse; je vous souhaite un autre siècle, d'autres auteurs, d'autres acteurs et d'autres spectateurs.
28e Janv: 1765