21 juill. [1764]
Mon cher Esculape il y a une maladie que vous ne guérirez jamais; c'est la malice des hommes.
On a imprimé je ne sçais quelle traduction d'une pièce anglaise très peu ortodoxe sous mon nom et sous celuy de Geneve. Un certain parti que vous connaissez en a fait venir deux ou trois exemplaires pour soulever les esprits contre moy. Dès que j'en ay été averti j'ay dénoncé moy même au conseil cette impertinence calomnieuse. Je vous prie de le dire à vos amis afin que les ennemis soient confondus.
Vous avez beau dire que je me porte bien. Soyez très sûr que je me meurs de faiblesse, et peutêtre de chagrin. On ne peut être gai quand on est affligé. Tout ce qu'on peut faire c'est de le cacher. Mais je ne cache rien. Je fais gloire surtout de ma tendre amitié pour vous.
Je vous supplie de m'éclairer d'un petit mot, chez m. Souchai. Les âmes ont besoin de vous comme les pauvres corps.