1764-07-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Voicy mes anges la lettre du conjuré de Turin qui m'est venue après le récit que vous m'avez fait de notre défaitte.
Je suis persuadé que M. de Chauvelin vous a écrit dans le même goust. Les conjurez en agissent rondement les uns avec les autres. Il me paraît bien difficile que mes anges, mr le duc de Pralin, mr de Chauvelin, maman et moy (qui sommes assez difficiles) nous nous soyons tous si grossièrement trompez. Mon avis serait qu'au voiage de Fontainebleau mr de Pralin ourdît sous main une petite brigue pour faire jouer les rouez. Je présume qu'on ne soucie point du tout à la cour d'humilier Poinsinet de Sivri, et que le ton de la pièce n déplairait pas à beaucoup d'honnêtes gens qui sont plus familiarizez que le parterre avec l'histoire romaine.

Amusez vous je vous en prie à me dire ce qui a le plus révolté ce cher parterre dans l'œuvre de Poinsinet de Sivri. Comment se porte madame l'ange?

Respect et tendresse.