13^e juillet 1764

Mon cher frère, quoique je sois absorbé dans des in folios dont le nom seul fait trembler, je n'oublie pourtant pas Corneille.
Il y a un jeune auteur qui a fait la jeune indienne; il s'appelle, je crois, M^r De Champfort. Il y a un m^r Duclairon, auteur du Cromwell. Il me semble que quiconque travaille pour le Théâtre a droit à un Corneille; il faut que les disciples aient nôtre maître devant les yeux. Je vous suplie, mon cher frère, de vouloir bien avertir Duchêne, demeurant au temple du dégoût, d'envoier prendre chez vous deux éxemplaires pour ces deux messieurs. Vous ferez, je crois, une très bonne œuvre.

Est-il vrai que M^r Le Controlleur général rembourse quatre millions d'éffets roiaux? celà n'a guère de raport à Corneille, mais il faut s'instruire un peu des affaires publiques. Je ne sais rien de nouveau; je moissonne mes champs, et quelques vérités éparses dans de mauvais livres. Ce sont de vieux arcenaux dans lesquels je trouve des armes rouillées, qui ne laisseront pas d'être éguisées, et dont je tâcherai de me servir avec toute la discrétion possible. Je gémis toujours de n'être pas aidé par aucun de nos frères; celà fait saigner le cœur. Vous seul me consolez et m'encouragez.

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