à Carlsruh le 26 Juin 1764
Monsieur,
Le peu de momêns que je vis Mr Malet, joint au titre d'être de vôs amis Monsieur, me fit bien désirer de le voir repasser chés nous et prêndre ma réponse, je m'en flatois même si bien, que je la remis à ce momênt, mais le voyant maintenant de retour à Genêve, je ne pêrds plus un instant à vous remercier de la lettre du monde la plus flateuse et la plus obligeante qu'il vous a plû m'écrire.
Vous conoissés trop Monsieur mon Estime et admiration pour vous pour ne point être persuaddée que tous mês voeux ne têndent qu'à vous revoir, vous entêndre, vous admirer et vous prouver ma parfaitet considération; Vous ne m'en dites plus rien Monsieur, voulés vous que j'en pêrde toutte espérance? J'en serois vivemênt touchée; quelle satisfaction au moins pour moi, de vous voir me conserver votre souvenir, c'est un dédomagemênt auquêl j'ai quelque droit de prétendre, par tout le câs que j'en fais.
Mr Mallêt m'a remis Monsieur vôs deux derniers ouvrages, il ne pouvoit me doner rien de plus agréable: Vôs Contes de Guilleaume Vadé font bien preuve de feu et de la vivacitée intarrissable de votre génie: Enfin il n'y a qu'un Voltaire, j'en suis si persuaddée, que rien n'égalera jamais les sentimêns de l'Estime la plus distinguée, avec laquelle j'ai l'honeur d'être
Monsieur
Votre très affectionée servante
La Margrave de Bade Dourlach