Monsieur,
Je comêts peut-être une indiscrétion Monsieur de vous dérober des momêns, dont vous sçavés faire meilleur usage, mais pouvés vous pênser que je puisse recevoir vôs Vêrs charmans que j'admire en rougissant, et en étouffer ma reconoissance?
Non; en vérité je ne le puis. Je ne suis pas digne de vôtre Lyre Monsieur je le sçais, mais réelemênt de votre amitié, ne la refusé donc point à l'Estime la plus pûre et la plus vraye. Je fais de bien sincêres voeus pour votre santé. Tout m'y interresse, et la promêsse que vous me donés Monsieur de vous revoir chés nous, me les fait redoubler d'ardeur. J'y mêle même une têlle confiance, que je sêns déjà toutte la joye de pouvoir vous assurrer de vive voix, de cette considération et Estime distinguée que l'on vous doit et avec laquelle j'ai l'honeur d'être plus que persone au monde
Monsieur
Votre très affectionée servante
Caroline Me D. Dourlach
à Carlsruh le 17 Janv: 1759
Le Margrave, transporté de joye, d'oser espêrer de vous revoir cette Etée Monsieur, et pénétré de vôs mérites, m'ordone de vous tenir compte de cês Sentimêns, et combien il est sensible à ceux que vous voulés bien témoigner pour lui.