1764-04-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bernard Louis Chauvelin.

Voilà les trois manières.
La discrétion et la crainte d'envoyer de gros paquets qui ne valent pas le port, m'empêchent d'envoyer à votre excellence d'autres rogatons; et d'ailleurs je crois que les trois manières sont la moins mauvaise rapsodie du recueil.

Quant au poisson d'avril vous ne l'aurez probablement qu'à la fin de mai, attendu que la sauce de ce poisson est trop difficile à faire, et qu'à mon âge je suis un assez mauvais cuisinier. Je me flatte que madame l'ambassadrice jouit actuellement d'une parfaite santé. Quand on est fait comme elle comment peut on être malade? Je lui ai vu l'air d'Hébé et d'Higée, mais l'air des Alpes est toujours dangereux à quiconque n'y est pas né.

On dit que made de Pompadour est retombée et que la rechute dans ces maladies là est toujours dangereuse.

Adieu, monsieur, conservez vos bontés à ce vieux solitaire qui vous sera toujours attaché avec la tendresse la plus respectueuse.