1766-05-01, de Pierre de Taulès à Voltaire [François Marie Arouet].

Ce qui se passa hier ici, monsieur, fut exécuté à l'insu des médiateurs, qui n'y ont eu aucune part; leur dessein n'est point de se mêler de ce qui concerne la police intérieure de la république: cette inspection appartient uniquement au conseil.
Il serait très difficile d'arrêter la procédure commencée contre le sieur D'Auzière. Tout ce que les médiateurs peuvent faire, c'est de parler en sa faveur. Le conseil, de son côté, paraît dans l'intention d'user d'une douceur vraiment paternelle envers lui.

Monsieur l'ambassadeur, à qui j'ai lu votre lettre, s'y intéressera; mais je ne dois pas vous cacher que son excellence est très affligée d'entendre souvent parler de vous à cette occasion; votre repos lui est aussi précieux que votre gloire. Elle voudrait que vous vous bornassiez à jouir tranquillement de l'admiration que le monde a pour vous. Votre seul nom, monsieur, donne toujours un mouvement trop violent aux affaires, et il serait à craindre qu'en voulant trop fortement le bonheur des hommes, vous ne contribuassiez au contraire qu'à les rendre encore plus malheureux.

J'ai l'honneur de vous saluer.