1764-03-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Mon cher frère, je vous prie de me mander s'il est vrai qu'on va jouer ô L'impie! si les moiens de rapel en faveur des huguenots est un bon livre; si on peut avoir le mandement de Christophe et celui du doux Caveirac, si l'ouvrage attribué à st Evremond produit quelque bon fruit dans le monde; si vous avez reçu un petit billet que j'écrivais à Mariette, dans lequel je l'avertissais que mr le 1er présidt de Dijon avait envoié faire f*** mon adverse partie; si on continue, ou si on abandonne le procez de la pauvre Calas, etca, etca.

Je crois que frère Berthier a passé aujourd'hui auprès de chez moi pour aller à Soleure. Je suis très fâché de ne lui avoir pas donné à diner. J'avais quelques Anglais avec moi qui auraient augmenté le plaisir de L'entrevue. Nous étions quinze à table, et je remarquais avec douleur, qu'éxcepté moi, il n'y en avait pas un qui fût chrétien. Cela m'arrive tous les jours. C'est de mes grands chagrins. Vous ne sauriez croire à quel point cette maudite philosophie a corrompu le monde. La révolution des jésuites est bien moins étonnante et moins grande. Mon frère Ecr. L'inf.