1764-03-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Mes anges, protecteurs des deux Pierres, sont priés humblement de considérer,

Que le Roy aiant souscrit pour deux cent éxemplaires, Mr De la Borde aiant favorisé cette entreprise avec toute la générosité possible, et aiant payé d'avance la moitié de la souscription de sa Majesté, il demande aujourd'hui la délivrance de ces deux cent éxemplaires, après nous avoir flatté que le Roy n'en prendrait qu'une douzaine.

Il est certain que le Roy n'a que faire de ces deux mille quatre cent voulumes, qui composent les deux cent éxemplaires souscrits par S: M.

Si le Roy en prend 50 c'est beaucoup. Ne pourait-on pas engager le Roy ou ses aiants-cause à faire présent de ces 150 éxemplaires restants à Pierre Corneille du Pont-Marie? Celà pourait composer une somme de trois cent Louïs d'or pour le dit Pierre; mais pour lui procurer cet avantage il ne faudrait pas baisser le prix. On pourait déposer les volumes entre les mains de quelque homme intelligent et fidèle, qui moiennant un profit honnête, se chargerait de la vente. On pourait même du produit faire une petite rente sur la tête de Mr Pierre et de sa femme. Je soumets ma proposition aux lumières et aux bontés de mes anges, et je leur demande bien pardon de ne leur envoier aujourd'hui que trois mémoires.

NB: les éxemplaires sont en chemin.