1764-01-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Gui Du Chêne au temple du goût, m'envoie un modèle d'une semonce à tous souscripteurs, princes et autres.
Je ne doute pas que Monsieur Caro n'en soit instruit, mais je ne lui pardonnerai jamais d'avoir si détestablement imprimé Zulime et le droit du seigneur.

Je ne reçois point de nouvelles de Vienne. Je compte beaucoup plus sur S: M : T: Cne : que sur sa sacrée M : Ile : Je supose que vous envoiez à Paris des ballots pour le Roy et pour la cour. Vous demanderez combien il en faut de reliés pour le Roy et pour made de Pompadour, et pr made la dsse de Grammont ou combien ils veulent d'éxemplaires non reliés, qu'ils feront relier comme ils voudront. Je crois que vous ne feriez pas mal d'écrire un mot bien honnête à mr de La Bordes, qui s'est mêlé de tout celà. Vous me ferez un extrème plaisir de vous adresser à lui, et de lui dire que ma mauvaise santé et l'état où sont mes pauvres yeux, me privent de l'honneur de lui écrire. Celà ne vous coûtera qu'une Lettre, et vous mettra l'esprit en repos sur la manière de livrer les exemplaires aux principaux souscripteurs.

Souvenez vous, je vous en conjure, de recommander à Merlin de mettre Madianite au lieu de Moabite, à la page 109 de la Tolérance.

Je me flatte qu'il n'y a pas eu beaucoup de sang répandu dans l'assemblée des 1500 souverains d'Athène, qu'on n'a destitué aucun archonte, et que si on n'est pas fort gai chez vous on y est du moins en paix.