à Montrouge 23 9bre 1763
Il est singulier que je ne sois plus dans le cas de vous écrire, que pour vous faire des reproches, et des reproches aussi mérités; vous connoissez mon goût pour les nouveautés, vous connoissez mon avidité pour lire vos ouvrages.
Le tolérantisme paroit, m. de Choiseul le reçoit et vous négligez de me l'envoyer. Je pourrois faire ici des réflexions amères sur cela, mais un habitant de Mont-Rouge, et un courtisan qui dans Versailles ne sort point de sa chambre, doit avoir acquis ce calme heureux qui prête toujours à une excuse à l'humanité; cette douce tranquilité ne m'empèche cependant pas de chercher à m'instruire ou m'amuser. L'on m'assure que je trouverai ces deux sources du bonheur dans votre Tolérantisme; envoyez le moi donc, je vous prie, tout, au plus tôt, ne me croyez pas fort en colère contre vous et soyez sûr qu'il seroit bien difficile de me faire oublier l'amitié que je vous ai vouée pour toute ma vie.