à Ferney 6 septbr[1763]
L'Adonis du parlement Monsieur m'a fait l'honneur de m'apporter une de vos lettres.
Il y a eu dans mon taudis une séance du parlement plus agréable que celles où les commandants de province assistent. La fête eût été complette pour moy si vous aviez été du voiage. Permettez que je me dépique en vous demandant un de vos tonnaux ordinaires de votre excellent vin. Si j'osais je vous supplierais d'accompagner cet envoy de quelques seps de vigne, que je pusse planter sur la fin de l'automne avec celles que vous avez déjà eu la bonté de m'envoyer. Elles viennent à merveille. J'ay au moins la consolation de voir les feuilles de la vigne dont probablement je ne boirai point le vin. Je suis un peu fâché que la vie soit si courte. Je n'en jouis que depuis que je suis dans la retraite. Je vous prie monsieur vous et madame Lebault d'agréer le respect avec lequel j'ay l'honneur d'être votre très humble et obéisst serviteur
Voltaire