1763-07-29, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

J'ai eu beaucoup de peine à trouver les deux petites brochures que j'envoie à mon cher frère; il ne veut sans doute les avoir que pour les réfuter.
Ces sortes d'ouvrages qui sont assez communs en Hollande, ne servent qu'à faire triompher nôtre sainte religion. Mon cher frère est prié de vouloir bien avoir la bonté d'envoier les paquets cy joints à un procureur et à un nôtaire, à qui ils sont adressés; il ne faut pas toujours négliger les affaires pour la philosophie.

A propos d'affaires, il faut que je consulte mon cher frère. Le receveur du vingtième qui demeure au Belley prétend que nous devons lui envoier nôtre argent à Belley, qui est à dixhuit lieues, par delà nos montagnes tandis qu'il peut avoir très aisément un bureau de correspondance à Gex où nous paions la capitation, et qui n'est qu'à une lieue du château de Ferney. Cette prétention me parait inique et absurde. Je demande le sentiment de mon cher frère. Je l'embrasse bien tendrement, je le prie de me dire combien de paquets il a reçus. Il m'avait flatté que nous raisonerions ensemble à Ferney.

Nb a t'il fait parvenir un catéchisme à frère H., en a t'il distribué aux fidèles?