Le 7 septembre [1761]
Comment, morbleu! frère Damilaville qui est à la tête de trente bureaux se donne de la peine pour les frères, se trémousse, écrit, et frère Thiriot qui n'a rien à faire, ne nous donne pas la moindre nouvelle?…
Il écrit une fois en un mois!… Quel paresseux nous avons là! Vive frère Damilaville!
Un de nos frères m'a régalé d'un gros paquet qui contient un gros poème en cinq gros chants intitulé: La Religion d'accord avec la raison. Je ne doute en aucune manière de cet accord, mais les frères me condamnent ils à lire tant de vers sur une chose dont je suis si persuadé? Je n'ai pas un moment à moi, et ma faible santé ne me permet pas une correspondance bien étendue. L'auteur, nommé m. Duplessis de la Hauterive, est sans doute connu de mes frères: je les supplie de me plaindre et de m'excuser auprès de m. de La Hauterive. Je mets cela sur leur conscience.
Frère Thiriot ne me mande point comment on a distribué les rôles de la pièce de m. Legoût. Ce n'est pas que je m'en soucie, mais ce mr Legoût est un homme très vif et très impatient. J'ai souvent des disputes avec lui: il veut bien qu'une comédie intéresse, mais il prétend qu'il doit toujours y avoir du plaisant. Il m'a presque converti sur cet article; et je commence à croire qu'on a besoin de rire.
Je m'unis toujours aux prières des frères, et je salue avec eux l'être des êtres.
Voici une petite lettre d'un mr de Montlebert lequel veut absolument que je lui réponde; cela est désespérant. J'ai chez moi l'abbé Coyer. Je suis encore à concevoir les raisons pour lesquelles on l'a fait voyager quelque temps. Il faut que j'aie l'esprit bien bouché.
C'est pitié que la vieillesse; Crebillon est devenu tout à fait fou. Je tremble pour moi.