1764-02-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

De tous les contes j'ai choisi le plus court et le plus philosophique, pour l'envoier à mon cher frère.
Les dames n'y entendront rien, mais les philosophes devineront plus qu'on ne leur en dit.

Je supose à présent tout tranquile, ce qui est bien triste pour des Français; il ne s'agit plus que des plaisirs qu'ils peuvent goûter à la comédie italienne, ou à Idomenée. Qu'est-ce que c'est que cette Idomenée? l'a t-on jouée? celà vaut-il mieux que celle de Crebillon?

Je n'entends point parler du terrible ouvrage du lourd Crevier contre Montesquieu, ni du livre intitulé, Les fonctions du parlement. Si frère Thiriot veut bien m'envoier ces livres à l'adresse de Mr Camp à Lyon par la diligence, il me fera plaisir.

Aureste, Thélême ne doit trouver place que dans un petit recueil que les gens de bien feront un jour. L'ouvrage est trop petit et trop sage pour être imprimé séparément. Je prie mon frère de vouloir bien faire parvenir l'incluse à frère Du Molard au gros Caillou. Frère Dumolard est un bon Cacouac,

Et sçait du grec, Madame, autant qu'homme de France.

Mes compliments aux frères. Ecr: L'inf: