avril 1763, le 8
Mr. vostre oncle, mde, m'avoit mandé que vous étiés malade; mde vostre soeur m'a assuré que vous vous portés mieux: je vous en fais mon très sincère compliment.
J'en ay supporté les plus vives alarmes, et je me livre à la joye la plus véritable. Vous m'avés toujours honoré de vos bontés, et mon tendre respect vous en ont sans cesse marqué ma reconnoissance. Vous vous estes prestée vous aussi en confiance aux Remèdes de mr. Tronchin. Nous avons vos amis et moy à vous en remercier. Enfin ménagés une santé qui nous est à tous si chère, et si l'injustice du sort ordonne que vous vivés éloignés, sachons du moins que vous estes en parfaite santé. Ah mon aimable amie, devrons nous vivre si loin les uns des autres, et le plus grand homme de son siècle devrait'il éclairer de si loin nos malheureux climats? Vous avés le bonheur de le voir et de l'entendre et nous nous sommes réduits à ne luy offrir que de loin un tribut légitime de louanges et d'admiration qu'il seroit si doux de luy [. . .] de plus près.
J'ay été très incommodé de mon costé. J'ay eu des vapeurs et cette indisposition de mon pauvre esprit, jointe aux soins d'une petite mésaventure que j'arange, d'un autre costé une médiocre fortune qui me suffit en la ménageant, m'ont empesché d'estre auprés de vous et de mr. vostre oncle.
Mais j'ay toujours espèré et j'espère encore de vous voir à la fin du mois; c'est du moins le [. . .].
Marmontel — l'opéra bruslé.
Je pars dans un mois pour ce petit Launay qui pour mon malheur est si distant de Ferney. J'étois [. . .] de l'Orne, et [. . .] petit tombeau [. . .] comme Dupuis peut refuser sa fille à un Des Ronais. C'est un mousquetaire qui [. . .].
Je pris la liberté de vous écrire il y a deux mois, vous ne m'avés point répondu.
J'ay lu une Tragédie en prose intitulée Saul [. . .] et tirée de l'Ecriture ste. J'en soupçonnerois l'auteur si &c.