L'Impression mon Cher Compère des Lettres de la montagne m'attire des ennemis à Genève qui font leurs eforts pr me faire de la peine dans ce pays, on y dit que Mr de Montmolin doit avoir mandé à Paris que vous n'étiés pas l'auteur de ces Lettres & que vous étiés très fâché qu'on les eût imprimées sous votre nom; j'ay répondu que Mr De Montmolin ne pouvoit pas avoir dit ces paroles.
On veut que j'aye imprimé un Vol. in 8me sous ces titres:
Collection Complette des Oeuvres de Voltaire
second titre
Ouvrages Philosophiques pr servir de preuve à la Religion de l'auteur, Londres 1765.
troisième titre
L'Evangile de la Raison, ouvrage posthume de M. D. M…..y.
table de pièces contenues dans ce Volume
- David & Saul, tragédie
- Testament de Jean Meslier
- Catechisme de l'honnête home
- Sermon des Cinquante
- Examen de la Religion dont on cherche l'Eclaircissement de bonne foy.
Cet ouvrage faisant 1 vol. in 8vo a été condamné au feu par LL. HH. PP. à La Haye & ils ont bien fait.
Je laisse brailler & m'en met peu en peine, le tems & les gens sage nous rendront plus de justice.
On dit que Mr De Voltaire crie & braille come un enragé au sujet de ces deux ouvrages, il m'a écrit une lettre au sujet du second dont j'ay vendu quelques exemplaires. J'en suis fâché, nous somes exposés à pareils inconvéniens, je n'y ay réfléchi qu'après coup ce qui me rendra plus circonspect par la suite. Mais je ne comprend pas pourquoi il c'est adressé à moi. Je lui ay répondu que ne sachant à qui m'adresser pour sçavoir qui a imprimé cet ouvrage je ne pouvois lui être d'aucune utilité. Cet home est je crois le plus fourbe qu'il y ait hors la route des Cieux. Il travaille sans cesse à des ouvrages répréhensible, contre la Religion & les moeurs, puis quand on le chicanne, il nie come beau Diable & sacrifie tout pr se tirer d'affaire. Pendant son séjour à Berlin il m'adressa des satyres contre feu Mr De Maupertuis, qu'il me fit prier en suite par le Colonel Porta de ne pas publier y allant me disoit-il de la vie d'un home. Je n'en ay fait aucun usage. Ce qu'il a fait avec moi, il peut l'avoir fait avec 100 autres & tout le monde s'en plain, l'admire & le mésestime. Je suis persuadé qu'il fera tout ce qui sera en son pouvoir pr vous nuire ne fût ce que pr se venger de ce que vous avés dit, sur son chapitre des Juifs & sermon des Cinquante qu'il donne à feu la Maitrie. Les grands de la terre le craignent & font pour lui des démarches qu'ils ne feroient pas. S. M. Prussienne lui fait payer ces pensions& n'a plus aucune liaison avec lui, Mr De Praslin l'oblige aussi….
Je suis fâché que votre maladie m'ait privé d'une plus longue lettre, Dieu vous donne la patience & la force de la supporter, je suis de tout mon Coeur mon Cher Compère tout à vous
Rey
le 18e Janvier 1765 ….