1742-10-13, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].

J'étois Justement Ocupé à La Lecture de cette histoire singulière, De Cette histoire réfléchie, imparcialle, et Chartrée de tout les Détails inutilles, lorsque je resus Votre lettre.

La première espérance que je Consus fut de resevoir Les cahiers suivans à Ceux que j'ai déjà, le peu que j'en ai me fait Naitre le Désir d'en avoir Davantage. Il n'y a point D'ouvrage parmi les anciens qui soit ausi Capable que Le Vôtre de Donér Des idées Justes, de formér le goût et d'adoucir et de poliser les Mœurs; ce sera L'ornement de Notre Siècle et un Monument Célèbre à La postérité de la supériorité de génie des Modernes sur les Anciens: Ciceron Disoit qu'il ne Consevoit pas Comant Les Augures fesoient pour s'empêcher de rire Lorscequ'ils se regardoient. Vous faites plus, vous éclercicéz et les ridiculles et les fureurs du Clergé.

Le Ciècle où Nous vivons fournit Des Exsemples D'ambition, Des Exsemples De Courage, mais j'ause le Dire à son honneur On n'y Voit aucune de Ces Actions barbares et Cruelles des précédents, Moins de fourberie, Moins de fanatisme, plus d'humanité et de Politesse. Après La guerre De Pharsale il n'y eut jamais De plus grands Intérests Discutéz que par la Guerre présente, il s'agit de La prééminence Des Deux plus puisantes Maisons de L'Europe Crétiene, il s'agit de La Ruine de L'une ou de L'autre, ce sont De Ces Coups De Téatre qui Méritent D'être raportéz par Votre plume et De Trouvér leur placé à La suite de L'histoire que Vous Vous êtes proposéz D'écrire.

Je regret Ces Maux dont le Monde est Couvert,
Ces Maux que La Discorde à su L'art de Disoudre,
Les aigles prusiens ont suspendûs leur foudre
Au Temple de Janus que mes Mains ont ouvert:
N'Insultéz point ami, L'intrépide Courage
Que Mes vailans gueriers oposent à L'Orage,
Leur Motif est trop Noble et Leur esprit fut Net
D'un méprisable gain ou d'un Vil Intérêt;
Ils ne Demandent rien, leur amour est La gloire
Et leur récompense est une Ilustre Victoire.
Le repos leur est du; c'est desous leurs Loriers
Que Les Ars et plaisirs Vont élevér Leur Temple
Que Le Germain surpris avec ardeur Contemple
Les eforts du génie autrefois étouféz.

C'est ce Temple dont Vous jouiréz lorsque Vous le voudréz bien. Dont en atandans Les plaisirs et Les Instructions sortirons pour nous autres. Fêtons tout les jours les beaux Antiques Du Cardinal de Polignac,

Que Polignac Ce savant home
Escamota jadis à Rome
Et qu'aux yeux du Monde surpris
Nous escamotons à Paris.

J'ai admiré L'épitre Dédicatoire de Mahomet qui est plaine de réflexctions Vraies et d'allusions charm[antes].

Le Zelle enflamé des Bigots
Nous Vaut parfoy de Vos bon mots,
Leur sotises, Leur Momeries,
Leur Vierge, leurs saints, leur folies
Et le nonsens de leur Héros,
Leur fourbes et leur Tromperies
Et leur saintes supercheries
Mériteroient que leur chapeaux
Fusent touts Ornéz de grelots,
Que du st Père Jusqu'au Diacre
Au lieu de tonsure et de sacre
Eut mutilé Certeins Morceaux
Qui par le Voeux de puselage
Chez eux ne sont D'aucun Usage
Et scandalisent Leurs Egaus.

Je Ne Conois point Mad: Valenstein, je sai bien que son soitdisant Neveux à eu des très Mauvais Procédéz avec ses supérieurs et que Même il à Voulû se battre à toute force. Faites Des Vers et des histoires à L'infini mon cher Voltere, Vous Ne rasasiréz jamais le goût que j'ai pour Vos ouvrages, ni vous Ne tarirai la source de ma reconoisance. Adieu.

Federic