1734-10-15, de Jean Baptiste Nicolas Formont à Pierre Robert Le Cornier de Cideville.

Je vous suis très obligé mon cher ami de m'avoir Doné de vos nouvelles et des autres que vous y avés jointes.
Je vous plains Bien de ne pouvoir pas faire un plus Long séjour à Paris et je plains autant Ceux qui vous y Conoittront. Car si Paris est fait pour vous vous êtes Bien fait aussi pour Paris. Voltaire m’écrivit il y a quelques jours. Il savoit que vous étiés à Paris et c’étoit pour luy à ce qu'il me marquait une nouvelle Raison d’être fâché d'en être absent. Il est vray qu'il n'y a plus que Le parlement qui tienne pour son affaire mais c'est ce qui est Le plus dangereux. J'ay vu quelqu'un qui m'a mis au fait du particulier de cette affaire qui ne peut finir qu'on ne soit sûr Du parlement d'une manière indubitable.

Linant fait sa tragédie. Nous avons grand Besoin de vous. Il m'aporta L'autre jour un 2e acte dont je ne fus pas Content. Nous verrons tout cela ensemble. Apropos savés vous que Voltaire fait un poème épique et qu'il a déjà troussé quatre chants? Il ne m'en parle qu'en général sans me dire Le sujet. Cela sera négligé, car il ne travaille plus ses ouvrages autant qu'autrefois et autrefois il ne Les travailloit pas assés. Adieu. Que je suis fâché que nous ne nous Rencontrions pas ensemble à Paris! Les plaisirs doublent en les partageant avec son ami. Si vous Revoyés avant votre départ quelques uns de ceux qui ont eu la Bonté de se souvenir de moy marqués leur ma Reconoissance. Je compte que Leurs Bontés augmenteront pour moy en voyant que j'ay un ami tel que vous. Mr et mde des Champs, mdlle et mde Formont et tout le monde enfin vous fait mille Complimens et moy je vous embrasse assurément de tout mon cœur.