Lundi [13 October 1755]
Cette Pucelle ne m'a point passé par les mains, quoiqu'elle eût été connue par quantité d'autres.
Si je puis parvenir à en avoir la jouissance, je tâcherai de vous faire partager ses faveurs, ce qui ne sera peut-être pas fort aisé, car il faudra savoir si j'en pourrai disposer pour moi et pour autrui. J'en ai rencontré à Rochefort les quatre premiers chants. Il y a des choses burlesques, plaisantes, satiriques, libres, sentant le fagot. Il y a beaucoup de traînerie et de négligence. C'est moitié Arioste, moitié Scarron. M. de Courtanvaux me dit qu'on en avait, à cette heure, dix-huit chants à Paris. J'ai rencontré aussi l'orphelin Chinois dont on m'avait envoyé un long extrait bien détaillé, qui le présentait en beau. J'en lus deux premières scènes qui me parurent très faiblement versifiées contre son ordinaire. Je n'eus pas le temps d'aller plus loin. Voilà tout ce que j'en sais….