1763-03-20, de Saverio Bettinelli à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

Monsieur le Marquis Carlotti veût me faire l'honneur de vous présenter ma lettre et mes respects, Monsieur, après un long silence de ma part.

Vous trouverez beaucoup de mérite à ce jeûne seigneur, qui pour en avoir davantage veût vous voir. Je pense comme lui, et si j'étois en état de faire un tel voïage, je vous assûre qu'il ne le feroit pas seul. De vous voir une fois, Monsieur, ce n'est que pour en avoir plus d'envie pour une seconde, comme il m'arrive toujours en lisant vos ouvrages. Vous avez seul le privilège d'être toujours nouveau. Nous attendons impatiemment le grand Corneille de votre main. Ce sera Turenne rendu à la France par le grand Condé. Mais n'oubliez pas l' Histoire Générale pour l'honneur de l'Italie, de l'Europe, et de l'humanité. Je serai trop glorieux d'avoir fourni quelque matériaux informes pour le Panthéon des Arts, et des Génies bâti par vous.

Je vous prie, Monsieur, de remettre à Mr le Marquis mes petits essais sur la litérature italienne etc., qui ne méritent pas d'être avec vous, et dont je n'ai pas gardé de copie. Les rebuts de Vitruve sont des trésors pour un maçon.

J'ai l'honneur d'être &c.