ce 1er 8bre 1735
Gentil Maçon qu’à coup sûr un Perraut
Eût fait graver sur les fastes d'Athene,
Rimeur charmant qu'auroit chéri Mecene,
Et que Julie auroit placé plus haut,
Vous vouliés donc nous donner un exemple
Qui, n'en doutés, ira chés nos Neveux,
Que, qui sait l'art de chanter de beaux yeux,
Aux mesmes Dieux peut bien bâtir un Temple.
Le Poësie et tout art est dessein,
Leur source est une, et jaillit du génie,
Et tous Les arts en leur route infinie
Se tiennent tous et se donnent la main.
Les uns pourtant de leur sublime essence
Retenant peu dans un rang abaissé
Rampent sur terre, et le sourcil froncé,
Péniblement s'alignent en silence.
Les arts aisnés d'un vol audacieux,
Portant en main la Trompette et l'Equerre,
Franchissent l'air et s'ils rasent la Terre
Par leur Essort sont reportés aux Cieux;
Ainsy l'on voit Le brillant salamandre,
Le sylphe agile, esprits purs et divins,
Sans s'aviler, commander et descendre
Au gnôme obscur, aux serviles ondins;
Ainsy Voltaire arondit une Arcade,
Place un Pilastre audessus de cet art.
Conclura t'on que maitre de Mansart,
Juré maçon, eût fait la Henriade?
Esprit subtil, Esprit Universel,
Soyés Maçons, rien ne vous humilie,
Soyés maçon de l'aimable Emilie,
C'est s’élever au plus sublime ciel.
Le Dieu du goust vous dut son Edifice,
Vous avés fait un Temple à l'Amitié.
Comment l'amour étoit'il oublié?
Vous savés bien qu'il peut rendre service.