1763-01-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Paul Claude Moultou.

Voicy, Monsieur, un mémoire qu'on m'envoye; il avait été fait à Toulouse, il y a très longtemps.
Je suis bien fâché que les avocats de Paris ne l'ayent pas connu; il y a des choses bien essentielles dont ils auraient fait usage. Vôtre indignation et vôtre pitié redoubleront, s'il se peut, à la lecture de ce mémoire. On est tenté de se faire débatiser quand on lit lesb st Barthelemi, les massacres d'Irlande, et l'histoire des Calas. On aurait du moins grande raison de se décatholiciser.

Je vous renvoye la Lettre de vôtre ami, qui me parait faire peu de cas de l'arithmétique.

Je vous supplie, Monsieur, de vouloir bien envoyer le mémoire Calas à Mr De Brus, quand vous l'aurez lû. Vous savez que l'affaire ne sera raportée que le 8e février. Je ne dormirai point la nuit du 7 au 8. Mon Dieu, que d'abominations!

Je prends la liberté de vous embrasser de tout mon cœur.