17e Janv: 1763 à Ferney
J'ai eu L'honneur, Monsieur, de vous envoyer un grifonage d'Evêque, de curé, et de Notaire, pour un Echange, qui doit être, dit-on, approuvé par e conseil. Mr D'Amilaville doit vous avoir envoyé le paquet par la petite poste. Je vous supplie instamment de m'en donner des nouvelles.
J'avouë que je donne la préférence à la cause de la Veuve Calas. Si vous aviez quelque chose de nouveau sur cette affaire importante, vous me feriez grand plaisir de m'en instruire. Elle vous fera bien de l'honneur; car enfin, on ne jugera que sur vôtre mémoire. C'est le seul qui soit juridique, et le seul aussi dans lequel on discute tout le détail des preuves. J'ai beau me distiler la tête à chercher des raisons qui puissent excuser les juges, je n'en trouve aucune.
Je sçais que vous plaidez contre le fanatisme, mais il y a encor assez de raison dans ce siècle pour que vous gagniez Vôtre cause.
J'ai L'honneur d'être avec une estime infinie, Monsieur, vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire