au château de Ferney 2e Janvier 1763
Je ne manquerai pas, Monsieur, de faire tout ce qui dépendra de moi, dès que j'aurai lû le mémoire que vous voulez bien m'annoncer, et que sans doute vous me ferez parvenir contre signé.
Je suis attaché à Mr Duverney depuis bien lontemps; je lui ai obligation, je me croirai trop heureux d'engager mes amis à le servir, mais je sçais qu'il n'en a pas besoin, et qu'il ne peut avoir un mauvais procez.
Vous n'auriez point sans doute reçu mon paquet concernant des échanges que je fais avec l'église, et qui éxigent, je crois, une ratification du conseil. Ce n'est qu'une simple affaire de forme. Mr D'amilaville vous a sans doute fait parvenir les pièces par la petite poste.
Vous acquérez beaucoup d'honneur, Monsieur, en prenant la deffense de l'innocence de Calas, et l'honneur dans vôtre noble profession, amène tôt ou tard la fortune.
Je vous suplie de m'envoyer vôtre nouveau mémoire pour les Calas dès qu'il sera imprimé. Il ne m'appartient point du tout d'écrire sur cette affaire; c'est assez que j'aie obtenu que vous écriviez; l'avanture des Calas, donnera lieu sans doute à beaucoup d'écrits; mais pour moi, j'ai rempli tous mes devoirs, en remettant leur cause entre vos mains.
Ne doutez pas, monsieur, que l'on ne vous présente un éxemplaire de l'edition de Corneille; je ne connais point l'édition de mes faibles ouvrages dont vous me parlez; on en achêve une actuellement, que j'aurai L'honneur de vous faire parvenir, si la chambre sindicale de Paris ne la vole pas en chemin.
J'ay l'honneur d'être parfaitement
Monsieur
Votre tr. humble et obéisst serviteur
Voltaire