1762-12-07, de Marie Louise Nicole Élisabeth de La Rochefoucauld, duchesse d'Anville à Voltaire [François Marie Arouet].

Je suis bien fâché Monsieur de n'avoir pas mieux réüssit dans L'affaire de votre Baladayer.
Il est Suisse, ce qui luy a donné L'exclusion; ils ne se prennent que dans le païs de Gex, c'est Mr de St Florentin qui m'a dit cette raison de son refus. Il a bien falut s'en payer. Mais toute occupé de votre consolation, j'ay crut la trouver dans la liberté de Melles Calas. Je luy en ait parlés avec L'intérest que la seule humanité doit donner à toute âme sensible. Celuy que vous y prenés a augmenté en moy le désir du succès, il est tel que vous le désirés. Mr de Maurepas a obtenu qu'elles sortiroient du couvent ce qui va estre exécuté dans peut de jours. C'est à luy seul qu'elles en sont redevables, je n'ait eut que des remerciemens à faire. Leurs procès ne commencera qu'à la fin du mois, Paris me paroist très bien disposés en leurs faveur. J'ay vue la mère dont le maintient et les discours sont bien attendrissants. Elle vous devra plus que la vie, c'est un plaisir dont vous senté tout le prix. Celuy de me retrouver au milieu de ma famille et de mes amis a étés troublés par le regret de quiter Genêve. Les marques d'amitié que j'y ait reçue me seront toujour présentes. Mes enfans me chargent Monsieur de mils complimens pour vous. Je vous prie de faire les miens à mde Denis et à melle Corneille. Soyés persuadé Monsieur des sentimens avec les quels j'ay l'honneur d'estre votre très humble et très obéïssante servante

Larochefoucauld d'Enville