Ferney 21e 9bre 1762
Mon cher correspondant trouvez vous que le commerce se ressente déjà de la paix, et qu'il en procure les fruits?
Vous me feriez plaisir de me dire si on compte en effet sur la cession de la Floride et si vous en avez quelques nouvelles positives?
Je ne peux vous dire encor si j'aurai recours à vos bontez pour mon métier d'agriculteur. Je vous prierai seulement de vouloir bien me dire à votre loisir ce que coûte le quintal de bon frumental.
Je vous supplierai de défalquer sur les 120 louis de chaque mois les fournitures dont vous me permettez que made Denis et moy nous vous importunions afin que les 180000 livres restent intactes.
C'est toujours en supposant que mr de la Leu paye avec la régularité qu'il a promise. Je suppose que vous touchez exactement ces 120 louis par mois, et que cela n'a rien de commun avec les 44740lt que vous m'avez fait toucher. Si ces objets étaient mêlez ensemble je vous prierais de m'en vouloir bien fournir une note. Mais il me semble qu'ils sont absolument séparez. Ainsi mes comptes en deviendront plus faciles en défalquant de mois en mois ce que vous pouriez avoir payé sur les 120 louis. Je tâcherai d'user avec discrétion de la bonté que vous avez de permettre que nous recourions à vous dans nos petites nécessitez. Madame Denis et moy nous vous renouvellons notre tendre attachement, et mademoiselle Corneille en dit autant à son docteur.
V.