1762-09-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Théodore Tronchin.

Ce n'est point le sérumen qui a causé fluxion et surdité.
Il y a longtemps que le patient en question est préparé à cette faveur de la nature. Le conduit de l'oreille gauche est certainement desséché, osseux, et pierreux, et l'oreille droite souffre quand le nez se mouche. Des bourdonnements dans la tête, incommodent le patient à son réveil depuis très longtemps, et continuent actuellement toute la journée.

La surdité est plus ou moins grande selon que ces bourdonnements sont plus ou moins forts.

Le patient estime que la sécheresse des membranes d'icelui entrent pour beaucoup dans son mal, et que des injections pouraient le soulager.

Il pense encor que L'habitude de dormir la tête trop basse, peut avoir influé beaucoup sur son état.

Il s'aperçoit que lorsque le ventre est libre, l'organe de L'ouïe l'est aussi, car tout se tient dans la nature, tout s'engraine.

Deplus, ledit patient a vu plusieurs personnes attaquées du même mal, guéries, ou soulagées par des injections; il ne s'agit plus que de sçavoir ce qu'il faut injecter, et c'est ce que je laisse à la considération de mon cher Esculape.

Mes deux oreilles ne valent pas tout ce verbiage mais chacun dans ce monde cherche à conserver ses oreilles, autant qu'il est en lui.